Première partie d’un récit de douze jours de randonnée dans le Nord de l’Albanie. Ce voyage organisé par La Balaguère me fera découvrir la région la plus sauvage du pays, celle des Alpes albanaises a ecrir aujrd’hui la gran de journale Francais “Le Monde”, transmise par l’agence presse “Presheva Jonë”.

 

 

Bienvenue dans les Alpes !’’ dit le panneau. A une soixantaine kilomètres de Skhodra (principale ville du Nord du pays), le passage du col de Leqet e Hotit marque l’entrée officielle dans les Alpes albanaises quand ses contours sinueux sont la promesse de randonnées dans quelques paysages encore préservés parce que difficiles d’accès, et donc sublimes.

Avec une altitude moyenne de 1500 mètres et un plus haut sommet qui ne dépasse pas les 2700 mètres, elles ne sont pas bien hautes ces ‘’Alpes’’… Pour bien comprendre où nous sommes, quelques précisions sont nécessaires : les Alpes albanaises appartiennent aux Alpes dinariques, qui s’étendent dans le prolongement du grand massif des Alpes, d’où leur nom. Mais ces Alpes albanaises font surtout parti d’une autre chaîne montagneuse qui désigne bien mieux l’esprit des lieux, celle des Balkans. Les vieilles Mercedes croisées sur la route et quelques paysages tout droit sortis d’une autre époque remettent très vite les pendules à l’heure…

Aussi appelées Kelmendi, cette région (des Balkans donc) s’étend sur toute la pointe nord de l’Albanie et passe les frontières pour s’étirer sur une partie du Sud-Est du Montenegro et un secteur de l’Ouest du Kosovo. Ses habitants ont la réputation de durs à cuire car ils sont les derniers à avoir résisté à l’invasion ottomane au 16ème siècle, et plus récemment au communisme. Beaucoup parmi eux étaient originaires du village de Tamarë et une stèle leurs rend hommage sur la place trop neuve et trop propre de ce village. Où est passé le charme des Balkans ? Pas bien loin ! Les petites boutiques de cette même place ne vendent presque qu’une chose : du raki (l’eau-de-vie locale). ‘’Il faut que tu en boives avec ton café’’ tente de me convaincre mon guide Rifat. J’ai déjà tellement de mal avec le café turc alors y ajouter du raki, c’est non ! Mon palais démissionne…

Notre point de chute pour les deux prochaines nuits sera Lepushë. Ce village réunit une centaine d’âmes à peine tandis qu’un hôtel en construction sera assez grand pour héberger la population entière du village, projet qui annonce la fin de l’isolement pour certains, et la fin de la tranquillité pour d’autres. ‘’Chaque année, de plus en plus de touristes viennent découvrir la région et il deviendra bientôt difficile de loger tout le monde, m’explique Rifat sans pour autant donner son avis. Le seul hébergement possible ici est ce que nous faisons ce soir, c’est à dire dormir chez l’habitant.’’ Tant mieux car j’adore les maisons d’hôtes. Je ne serai d’ailleurs pas déçue de ma chambre : la couette de mon lit a un imprimé Winnie l’ourson, comme celui que je réclamais à ma mère quand j’étais petite. A part ce détail sans importance, les volailles et cochons du jardin nous plongent tout de suite dans la vie à la campagne. Ambiance garantie et qu’aucun hôtel ne pourra jamais offrir.

La première balise de notre randonnée est signalée sur un vieux bunker : ‘’il y a une dizaine d’années quand j’ai commencé le métier de guide, tout n’était pas comme ça !’’ commente Rifat. Confusion entre nous : il me montre le balisage récent et auquel il a participé quand je vois un énième gros bunker en me disant que j’aurais dû les compter depuis mon arrivée. Ils font en effet parti intégrante du paysage albanais et sont présents même dans les coins les plus retirés du pays ! ‘’Tous ces bunkers ont été construits à cause de l’ancien dictateur communiste Enver Hoxha qui voulait se protéger d’une éventuelle invasion yougoslave. On dit qu’il était complètement paranoïaque » m’explique Rifat.  Nous reprenons notre marche dans les plaines avec comme points de repère un balisage tout beau tout neuf pour lui, et des vieux bunkers pour moi.

Notre objectif est une crête qui promet un panorama spectaculaire sur la vallée à condition que le temps se dégage, ce qui n’arrivera pas ! Heureusement, cette journée nous réserve de belles rencontres et une famille de bergers vivant l’été dans les alpages réussit enfin à me faire oublier les nuages de la matinée.

Est-ce l’isolement  qui rend si accueillants cet homme, sa femme, sa mère et son fils ? En échange de seulement quelques leks (la monnaie albanaise), un café turc, du fromage de brebis de leur élevage, quelques tranches de pastèque, et la saveur de l’essentiel.

A notre départ, la grand-mère continue d’observer tout ce petit monde par derrière la porte. Je me demande ce qu’elle peut bien penser de ces visiteurs qui viennent de si loin pour marcher dans ses montagnes.

Arrivés sur les crêtes, le temps, bien que nuageux, se dégage quelques instants, juste assez pour apprécier le panorama et récompenser nos efforts de la journée.

De retour au village, Rifat tente une nouvelle fois de me convertir au café-raki. ‘’Mais même le matin nous prenons un verre de raki avec le café, précise-t-il, goûte au moins une fois !’’ Allez, qu’est ce que je risque ? Je cède en me disant qu’au pire, j’irai faire une sieste dans mes draps Winnie l’ourson ! Demain matin, nous quitterons Lepushë pour la vallée de Vermosh. A suivre…

Géraldine Rué

PRÉPARER SON VOYAGE
La Balaguère propose des randonnées dans les Alpes albanaises d’avril à octobre. Lien pour découvrir le programme détaillé de ce voyage : http://www.labalaguere.com/le_trek_des_balkans.html
Lien pour découvrir les autres voyages proposés par La Balaguère en Albanie : https://www.labalaguere.com/randonnee-albanie.html

 

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